Et si on grimpait aux rideaux?


Une envie, lointaine : Verdon, Escalès, "Les rideaux de Gwendal" Un doute : ai-je le niveau pour m'y faire plaisir?
Un autre doute : coup de froid sur l'Alpe, et dans le sud?

Allez on tente. J'espérais bien poser les doigts sur le calcaire du Verdon à l'issue de cette saison d'escalade inespérée. Deux fous grimpants sont motivés : Yves et Jeff, qui m'ont respectivement emmené lorsque au printemps dernier il fallait me réapprendre à grimper. Je suis heureux de partir sur ce projet avec eux.

L'objectif inavouable du week end est une voie mythique du Verdon : "les rideaux de Gwendal", un long itinéraire pas franchement reposant, où la mjorité des avis sont unanimes : c'est beau, mais c'est chaud.


Allez, pour se mettre en selle sur ce rocher si spécifique, nous tirons les quelques longueurs de "Démon". Ca nous mettra en route pour la suite. D'un coup, on se souvient que faire les cacous dans les dévers sur la résine et grimper efficacement sur les trous du Verdon, et bien ce n'est pas tout a fait pareil. Dont acte!

Le grand jour est arrivé, c'est parti pour les Rideaux!
Et là, c'est le festival de l'escalade qui commence. Tout ce que le calcaire compte de formes diverses et variées y passe, dans une raideur et une continuité que seul le Verdon sait nous offrir.

Tu ne connais pas les murs à trou du Verdon, tu les découvriras dans les Rideaux. Tu te demandes à quoi ressemble la grimpe à Taghia? Tu le découvriras dans les Rideaux. Tu t'interroges sur le gaz et l'engagement verdonnesques? Tu gouteras tout ça dans les Rideaux... Allez, un condensé de Verdon dans la même voie, ça ne peut pas se refuser. Je retiendrai surtout :

- L2 en 7b/A1... je suis devant et bien content d'avoir quelques souvenirs encore bien présents du Yosémite : l'étrier sur un stopper, faut y croire.
- L4, un 6c d'anthologie sur du calcaire jaune alternant bacs et gouttes d'eau, 40 mètres d'une régularité ébouriffante
- L5, une longueur "carte postale" en 6b+ sur un pilier à trous, où dés qu'on a pas/plus le nez dessus, on croit que c'est lisse comme une peau de singe.
- L6, un 6c+ où il faut vraiment s'employer, dans un équipement qui curieusement s'aère. Merci Jeff de t'être motivé. Les pas sont obligatoires, et la fatigue se fait bien sentir


Alors nous grimpons, joyeusement. Le ciel est bleu, l'air presque chaud. Les vautours planent derrière nous, une libellule me rend visite régulièrement. Nous grimpons doucement mais surement. Le vide se creuse, les avant-bras aussi. La seule chose qui gonfle, ce sont nos orteils car même si c'est raide, la grimpe ici est vraiment une histoire d'orteils. ça fait mal! Mais que c'est beau...


Nous débouchons sur le plateau après quelques heures passés dans le bazar. J'effectue les derniers mètres de la voie avec une conscience toute particulière du moment : l'année de l'accident, je sors de cette voie qui me faisait rêver depuis des années. La volonté ferait elle des miracles?
Ceux qui en ont fait en tous cas, ce sont les amis : Yves, Jeff, un grand merci pour m'avoir remis au rocher ce printemps bien que la neige ait été abondante. Je suis heureux qu'on ait fait "les Rideaux" ensemble, c'était un peu mon cadeau de vous proposer ça. Maintenant, la neige peut tomber, pour moi le contrat est rempli bien au delà de mes attentes.
Verdon, Escalès :
- Démon, ED, 150m : 6a, 7a+, 6b+, 7a, 6b+, 6a+
Superbe escalade ensoleillée, rocher parfait, équipement RAS. Accès par les rappels du Jardin des écureuils puis traversée a gauche toute. Départ derrière le pilier.
- Les Rideaux de Gwendal, ED, 250m : 6c, 6b+, 7b>A0, 6a, 6c, 6b+, 6c+, 6a, 5b
Accès en 5 rappels depuis la Carelle, puis traversée a gauche toute sur le jardin. De là un nouveau rappel amène à L1 (facultatif) ou rejoindre directement R1 en longeant les cordes fixes quelques mètres. La voie part le long d'une corde fixe ascendante à droite, puis au deuxième point part sur la gauche (invisible du départ). Pour L3 : un étrier et un stopper moyen suffisent. Pour le reste, équipement ok sauf pour L7 où un micro stopper coincé sauve la mise. Sans lui, terreur...

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