Mont Gruetta, face sud

Je songeais a cette face sud depuis pas mal d'annees a dire vrai... "Une des plus belles descentes a ski du massif du Mont Blanc" dixit Anselme Baud, qui en connait un rayon en la matiere. 2000 metres de ski en face sud dans ce magnifique et secret versant des Grandes Jorasses, ceci a de quoi attirer. Et puis c'etait aussi l'occasion de revisiter pour la quatrieme fois le bivouac Gervasutti, dont j'apprenais suite a notre derniere visite que le vieil abri avait laisse place a un ovni flambant neuf. Double raison pour remonter la haut.


Si le bivouac a change, la vue, elle, est toujours la meme : l'arete de Tronchey en majeste, la seule voie qui me fasse encore envie pour retourner aux Grandes Jorasses.


Le lounge Gervasutti est desormais derriere nous. Je ne sais pas comment le grand Giusto reagirait s'il voyait a quoi son nom est ici associe. J'avoue qu'au dela de l'ahurissement total qui fut le notre en sejournant en ce lieu, je m'interroge sur pas mal de points concernant cette installation. Il faudra republier un post a ce sujet. Si vous ne connaissiez pas l'ancien abri c'est bien dommage. Courrez visiter les quelques vieux bivouacs qu'il reste ici ou la dans le massif, avant que le CAI n'oeuvre de nouveau.


Depart tardif pour cause de vent violent, a decorner des zebus d'altitude. J'avais vu les previsions meteo annoncant ce fort coup de vent en haute montagne, et je pensais qu'en face sud nous serions proteges. Erreur!
Autant dire que vu la pente et la durete de la neige, nous n'avons pas beaucoup use nos peaux. Remontee de la face en crampons. Et puis, a force de nous faire giffler par le gresil et les raffales, a constater que decidemment la neige ne daignerait pas decailler, nous declarons forfait a mi pente peu motives par l'idee de batailler encore des heures pour skier de la tole ondulee. Et puis la pente est reelle, exposee car en S entre des seracs, et ce n'est pas le moment de se rater.


Nous plions donc les gaules prematuremment, mais pour s'offrir malgre tout 1500 m de descente. Plus bas, nous retrouvons le printemps, sa douceur et la neige moquette qui l'accompagne.


Bilan : le Mont Gruetta ne se laisse pas facilement approcher. Plus tot en hiver? possible, mais attention aux conditions nivologiques car en pas mal d'endroits, une plaque serait tres mauvaise du fait des barres ou seracs cotoyes. Plus tard? Le passage des dalles sous le front glaciaire, qui chauffe beaucoup, ne serait plus praticable. La bonne saison est sans doute actuellement, ou il faudrait attendre un leger refroidissement et une petite chutte de neige en altitude. Ceci pourrait garantir un haut en poudre et un bas en moquette, mais ca reste hypothetique. Tout en moquette? difficile vue la hauteur du bazar : il y a fort a parier que si le haut est transfo, le bas sera en soupe... Bref, pas simple.
Mais quelle course!


Et puis, entre autres points de vue, il y a cette arete royale, splendide, unique. 
Mont Blanc, integrale de Peuterey. De grands souvenirs sont associes a ces sommets, et je les contemple avec satisfaction et delectation. L'esprit voyage.
Tout comme il voyage pour mon ami Manu qui vient de se la coler dans une pente qui ne le meritait pas.
Comme chantait Renaud : "Deconne pas Manu..." et il n'avait pas tort. Courage mon grand!

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